Un Lestrange en colère...

Rodolphus était assis sur un des canapés de la salle commune. Affalé serait plus exact. Il fixait le feu, l’air bougon. Il venait d’être collé. Lui ! Un prof avait osé le coller. Bien entendu, il le regretterait. Pas tout de suite, certes, mais « tout vient à point à qui sait attendre »…
Heureusement, le jeune homme avait réussi à mener à bien ce qu’il avait entreprit. Heureusement, car si le sentiment de frustration s’était mélangé au sentiment de rage froide, le résultat aurait été détonnant.
En attendant, Rodolphus rongeait son frein : il ne lui restait plus qu’un an et demi avant la fin de ses études et alors, il pourrait faire ce qu’il lui plait. Prendre sa revanche s’avère une chose simple quand on a tous les droits…

Toujours est-il que Rodolphus ruminait des pensées noires, le tout éclairé par quelques idées e tortures bien juteuses.
Tout d’un coup, le jeune homme poussa un soupir et laissa tomber sa tête en arrière. C’est long un an et demi. Très long…

Ashley entra à ce moment là. Il n’entendit que la fin de la réplique d’Eulalie mais cela suffit à le faire sourire. Il s’approcha doucement et s’assit près d’eux.

« Voyons Eulalie, tu sais bien que Rodolphus a toujours l’air blasé. Mais j’avoue que pour cette fois, je comprends. Avec ce qui s’est passé en DCFM ! »

Ashley réprima un sourire.

« Disons que le prof était plus que de mauvaise humeur. Je crois qu’il y a eu sept collés en moins d’une heure. Au moindre petit écart, à la moindre réflexion d’un élève, il s’énervait. C’était désespérant. Du coup, on n’a absolument rien fait du cours.
Au fait, Rod, tu as trouvé comment tu allais te venger ? En tout cas, si c’est discret, tu peux compter sur moi. »

Le préfet s’affala sur le dossier du fauteuil.

« Mais seulement si c’est discret, hein ? J’ai une réputation à tenir. Et je tiens à être préfet en chef l’année prochaine. »

Dit-il sur un ton où perçait une certaine ironie.

Rodolphus ne prit même pas la peine de répondre à Eulalie. Il se contenta de lui jeter un regard noir.
Il était de toute façon impossible d’être tranquille dans cette salle commune. En effet, à peine Eulalie avait-elle fini de parler qu’Ashley arriva. Suivi de près par Mihael.
La présence des deux garçons gênait moins Rodolphus étant donné qu’ils avaient subi la même chose que lui. La suffisance d’Ashley l’avait agacé mais à quoi bon le faire remarquer puisque cela ne changeait pas de d’habitude ?
Ashley était toujours ironique et se faisait une fierté d’avoir l’air méprisant. On ne le changerait pas.
Mihael, par contre, eut l’honneur d’arracher un sourire au jeune homme. En même temps, lui aussi avait été collé. Et doublement qui plus est.
Les malheurs des autres faisaient toujours rire Rodolphus quand ils étaient plus importants que les siens…

« Tu as fini par avoir le dernier mot, Keelh ? »

Question vaine à voir la tête du concerné… Mais Rodolphus lui aussi était d’humeur... radieuse. Alors, autant s’amuser…

Mihael haussa machinalement les épaules.

Il faut croire que ma plaidoirie n’a pas été efficace…

En réalité le sorcier n’avait fait que vociférer toutes les raisons qui lui passaient par l’esprit avec un manque de tact évidant. Arguments chassés du revers de la main par l’enseignant.

Ce n’est qu’un prof après tout…

Il pensa amèrement à deux heures lamentablement perdues. Quel cadeau appréciable.

Je crois que la torture… marmonna t’il.

L’élève songea à une scène très intéressante.
Son professeur se tortillant comme un vers dans une flaque écarlate, cherchait instinctivement son pancréas fraîchement arraché, gisant au sol.
Avec un petit sourire en coin, Mihael s’engouffra dans ses réflexions macabres, l’expression de son visage étonnamment changée.

Ashley trouvait la situation fort plaisante. A vrai dire, il n’avait jamais rien reprocher à Eulalie : avec ce que lui-même vivait, difficile de lui en tenir rigueur.
A la différence que lui avait su se montrer plus discret. Mais là encore, difficile pour un garçon de tomber enceinte. Il n’avait donc aucun mérite.
Toujours est-il qu’il appréciait que pour une fois on oublie de faire des reproches à la préfète.
Il souriait donc. Presque franchement.

« La torture ? Pour ma part, c’est d’accord : il n’y a rien de plus irritant qu’un professeur incompétent. Alors, si en plus de ne pas savoir enseigner, il n’arrive pas à maintenir une certaine discipline, je ne vois que la torture… »

Ashley avait parlé sur ce ton ironique qui lui était propre. Impossible de savoir s’il pensait réellement ce qu’il venait de dire.
Mais qu’importait ?

« Il faudra juste que je cache mon visage. Et que je ne parle pas. Le plus simple serait d’empêcher le professeur de voir quoique ce soit. Cela nous protégerait tous. Car je crains qu’il ne nous reconnaisse même avec des masques… »

L’idée semblait sympathique Ashley. Pourquoi pas. Après tout, ils risquaient de s’amuser plus qu’autre chose. Et puis, de toute façon, il était certain que personne n’aurait le cran d’aller jusqu’au bout : ce n’était pas la première fois que de tels projets étaient élaborés.
Les choses se concrétiseraient peut-être après Poudlard.
En attendant…

Rodolphus eut une moue dubitative. L’enivrer ? Mais il n’allait même pas souffrir…
Il réfléchit un instant puis un vilain sourire se dessina sur son visage.

« Ce n’est pas bête : si on le torture, il souffrira. Point. Et il se plaindra. Alors que si on l’enivre, il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même et risque même d’être renvoyé. C’est bien plus intéressant ! On ne risque rien, tout en se vengeant. Bien plus subtil qu’une banale torture… Et plus discret, n’est-ce pas Ashley ?
Pour ma part, ça me va. »

Rodolphus s’enfonça plus profondément dans son fauteuil, l’air réjouit, ce qui ne présage rien de bon.

« Quant à l’exécution de cette brillante idée, je pense que nous aurons mille occasions.
Il nous suffirait peut-être de trouver un sortilège qui augmente de taux d’alcoolémie d’une boisson… »